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La danseuse - Critique de Film, Théatre, série...

Critique de Film,  Théatre, série... "La danseuse" est une critique de film, Théatre, série mise en ligne par "Appoline21"..

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La danseuse 

              La danseuse est un drame historique réalisée par Stéphanie Di Giusto qui met en lumière la vie d’une artiste se démarquant par son inventivité et sa ténacité, de manière subtile la réalisatrice arrive à nous faire éprouver la fièvre artistique.

              L’histoire se situe au XIXème, où Loie Fuller s’accroche à ses rêves de grandeur, elle trouve sa densité dans la lumière et une grande pièce de tissu blanc avec lesquels elle joue de son corps. Le film débute sur une scène en plein ouest américain où Loie nous apparaît comme simple fille de ferme, après la mort de son père, elle prend son envol accompagnée de son amour du théâtre. Par de petits rôles elle finit par trouver son moyen d’expression par le biais d’un grand drap soutenu au moyen de grandes baguettes prolongeant ses bras. Commence alors sa conquête de la beauté qui va l’emmener en France.

               Le film s’articule autour des représentations de la jeune femme qui sont des scènes importantes révélant son évolution ;la 1ère où par hasard, lors d’une pièce, elle découvre un moyen d’exprimer la beauté, en se mouvant avec un grand tissu. Commence alors ses entreprises afin de performer sa technique, très vite le succès venant, ses idées son copiées ce qui la pousse à partir jusqu’en France. Là bas elle arrive à s’entourer et malgré ses débuts incertains, elle ne doute pas un instant  et n’hésite pas à voir grand,  son travail est acharné et le résultat grandiose. Enfin sa dernière représentations où elle ne parvient pas à finir sa danse mais est reconnu par son public qui l’acclame.

         Les personnages de Stéphanie Di Giusto sont très nuancé et ne se limitent pas à des archétypes d’autant plus que l’approche de la réalisatrice est biographique, sa volonté est de retranscrire fidèlement le parcours de la danseuse. Tout d’abord Loie Fuller, cœur de l’histoire, interprétée par Soko a un côté très brut qui s’exprime dans sa beauté, elle n’est pas belle dans le sens où on l’entend ;gracieuse, féminine ou délicate, mais elle dégage autre chose, une sorte de force visible physiquement par son corps musclé mais au-delà par sa volonté inébranlable d’atteindre la beauté ultime sur scène. Lors du spectacle, c’est comme une éclosion, c’est là qu’elle trouve la grâce mais l’on comprend bien tout le travail caché derrière cette apparente légèreté. Sa beauté elle l’atteint au prix d’efforts intenses qui vont jusqu’à l’épuisement comme on le voit lorsqu’elle s’effondre à la fin de ses représentations. Elle ne renonce pourtant à aucun moment, le côté paradoxal de ce personnage est son apparente force que l’on voit et cependant cette faiblesse qui rôde et qui nous fais sentir la difficulté physique de son expression artistique. On perçoit l’extase que ressent Loie Fuller sur scène, l’intensité de l’effort et cependant seule la beauté qui transparaît. Ce que l’on admire le plus chez elle c’est sa sureté, la confiance qu’elle a en son art qui séduit tout le monde autour d’elle. 

 Le film se déroule selon trois axes importants ; trois rencontres influentes sur l’art de la danseuse, tout d’abord lors de ses débuts fructueux, celle avec un jeune aristocrate, Louis subjugué par Loie qui en refusant ses avances ne fait qu’attiser le désir qui naît entre eux et perdure jusqu’à la fin du film. Le personnage de Louis est très influent sur Loie, il est une sorte de rempart pour elle malgré sa propre faiblesse. Ce jeune homme vivant dans la débauche et les affres de l’opium semble trouver en l’artiste une résonnance, il s’éprend de cette fougue et cet élan de vie que représente la jeune femme. Leur relation est très ambiguë malgré le statut platonique imposé par Loie ils ne cessent de revenir toujours l’un vers l’autre. Dès leur première rencontre Louis, homme très sombre se sent attiré par cette force de la vie qui arrive à mettre de la lumière là où tout n’est qu’ombre pour lui. Certaine scènes très explicites illustrent cela comme lorsqu’elle ouvre les rideaux dans la pièce obscure où est Louis. 

                Ensuite à Paris, c’est la rencontre de Gabrielle Bloch qui est une impulsion pour sa création, c’est elle qui lui permet d’entreprendre tous ses grands projets. Dès qu’elle la voie, elle décide de croire en ce talent innovant et fais en sorte qu’elle puisse briller sur la scène. Entre les deux femmes on sent un attachement ambiguë sous entendu qui n’aboutit pas mais permet de préfigurer l’attirance de Loie pour les femmes. 

Enfin l’arrivée de Isadora vient confirmer cette supposition, la jeune Isadora Duncan, image même de la jeunesse, de la candeur et de la grâce innocente représente l’opposé de ce qu’est Loie autant d’un point de vue physique que psychologique. Isadora semble posséder une beauté naturelle qui s’exprime dans chacun de ses mouvements, sa danse n’est que légèreté et facilité où chez Loie tout est effort et persévérance. Malgré son apparente innocence, la jeune fille sait comment parvenir à ses fins en usant de son charme. Dès leur premier regard on sent une tension se créer chez Loie, très vite l’admiration vient se mêler à la jalousie lorsque elle voit danser la jeune fille. Lors des deux scènes où on la voit danser on peut le comprendre, Isadora semble voler, elle virevolte légère bravant tout les codes et dégageant une grâce et une volupté si naturelles qu’elle nous apparaît divine. Loie se sent irrésistiblement attirée par Isadora tout en rejetant à la fois ce talent qui la dépasse et qui marque son propre épuisement par tout le travail qu’elle doit fournir pour atteindre la beauté.

              Certaines scènes sont marquantes par leur grande beauté notamment celles des spectacles de Loie Fuller mais aussi celles où l’on voit danser Isadora ou lorsque les jeunes filles entraînées par Loie nous apparaissent telles des nymphes quand elles dansent dans la forêt. Stéphanie Die Giusto arrive à retranscrire l’histoire de manière sensible, les acteurs choisis répondent parfaitement à la démarche engagée par le film. La bande son est magnifique, les 4 saisons de Vivaldi revisitées par Max Richter cadence le film, nous faisant vibrer aux rythme de la jeune danseuse. 

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Appoline21

22-02-2019

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La danseuse n'appartient à aucun recueil

 

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